Balade Monplaisir
juin 2009
1.
- terminus tram Av de l’Europe
départ par groupes dispersés « suivez cette fille »
messages anagrammes
AVRIL-MAI PAULINE EN STOP
PAULINE ME PARLAIT VISON
PAULINA VIT EN MAL ESPOIR
PAULINE S’EPILANT A VOMIR
STATION (commissariat central)
Installation des MP3
- marche rue Marius Berliet (7’-8’)
Je me souviens que l’avenue de l’Europe prolonge le boulevard des Etats-Unis.
Je me souviens que, avenue de l’Europe, pendant quelque temps, les personnes qui habitaient les nouveaux immeubles ne pouvaient être domiciliées administrativement à cette adresse.
Je me souviens que la rue de l’Eternité conduit droit au cimetière de la Guille, et qu’elle croise l’avenue de l’Europe.
Je me souviens qu’on a donné le nom de rue de la Fraternité à une rue qui n’est pas encore tracée.
Je me souviens des pionniers de la construction automobile et de leurs successeurs à Monplaisir et dans tout le futur 8e arrondissement : Audibert-Lavirotte, Cottin-desgouttes, Baron-Vialle, Berliet qui construisit des voitures avant les camions, Cognet et De Seynes, Isobloc, Joanny Faure, la Buire, Mieusset, Paris-Rhône qui avant de se spécialiser dans les appareils ménagers, construisit quelques voiturettes électriques de 1941 à 1942, Patay, François Pilon, Rochet-Schneider, Saurer…
Je me souviens de « la Sans Secousse » première voiture dotée d’une suspension indépendante sur 4 roues, fabriquée aux ateliers Cottin-Desgouttes
Je me souviens que de 1896 à 1901, Audibert Maurice et Lavirotte Emile construisirent parmi les premières voitures automobiles, et qu’en 1902, jugeant l’avenir de l’industrie automobile trop compromis, ils durent vendre les terrains de leur entreprise à Berliet.
Je me souviens qu’à la place de l’actuel bowling et du garage Ford, rue Marius Berliet, c’était le premier site des usines Berliet. On peut voir de loin le vieux portail, avec le logo de l’entreprise : une locomotive avec son chasse-buffles
Je me souviens du plus gros camion fabriqué pour travailler sur les puits de pétrole : le T 100 Berliet parce qu’il faisait cent tonnes. Je me souviens qu’ils avaient été obligés de casser le portail pour le sortir de l’usine.
– Non, ils avaient juste dégonflé les pneus.
Je me souviens qu’à la belle époque dans les années 1970, il y avait 2000 salariés à l’usine RVI anciennement Berliet à Monplaisir. Lors de la fermeture définitive de l’entreprise, il y a eu au moins 200 personnes licenciées sous diverses formes, je me souviens que ceux qui avaient plus de cinquante ans n’ont jamais retrouvé de travail, ils ont galéré jusqu’à la retraite.
Je me souviens que progressivement ils ont individualisé les salaires. Avant quand il y avait une augmentation de 2% tout le monde l’avait. Avant dans une même catégorie tout le monde était payé pareil. Avec l’individualisation des salaires, c’est plus difficile d’appeler les salariés à lutter tous ensemble.
Je me souviens de Jules Bonnot, le chef de la célèbre Bande à Bonnot, groupe d’anarchistes braqueurs de banques. Avant de faire la une des journaux au début du 20e siècle, Bonnot avait été ouvrier à Berliet Monplaisir où il avait appris notamment à trafiquer les voitures.
(Chanson la bande à Bonnot ou voix d’acteurs tirées du film )
Ré-apparition de Pauline qui sème des pétales de roses
(En fond, la chanson de Berthe Silva : les roses blanches…)
(à plusieurs) – Je me souviens de Lenzbourg qui faisait des confitures, de Vidéocolor qui faisait des télévisions, de Givaudan qui faisait des parfums, de Coignet qui faisait de la colle, de Berliet qui faisait des camions, de Paris-Rhône qui faisait des machines à laver, de Bronzavia qui faisait des moteurs d’avion, de Teppaz qui faisait des tourne-disques, de Photos où mon oncle, il était souffleur de verre, car on faisait des lampes chez Photos, et aussi de L’Air Liquide, Sicfond, Fantasia, SIFT, Manufrance, Rochet-Schneider, Patay, et aussi une usine de pantoufles dont je ne me souviens plus du nom et où mon beau-frère était magasinier…
(Aurélien) – Je me souviens que les gens habitaient près des usines où ils travaillaient à l’époque. Parce qu’il y avait pas de tickets en ce temps-là, les patrons donnaient rien pour le transport. Alors c’était pas la peine d’aller travailler à Vaise pour gagner dix francs de plus de l’heure et en dépenser autant en déplacement.
Et puis les journées étaient longues, déjà les gens travaillaient dix heures, 55 heures par semaine, si en plus il fallait compter le transport.
Je me souviens qu’à partir de 5h30 –6 heures du matin, le quartier devenait une ruche, il n’y avait pas de voiture, tout le monde allait au travail à bicyclette. Et quand ça sortait, c’était la ruée, à Paris-Rhône, il y avait deux mille personnes, alors vous voyez…
(Chanson militante)
( Aurélien) – Je me souviens des grèves qu’étaient pas des grèves où on mange des merguez et où on fait la fête. Ca, c’étaient des grèves, ce qu’on appelle dures, des grèves dures.
(Sébastien) – En mai 68, ça a beaucoup bougé dans les usines du quartier, Paris-Rhône, Lenzbourg, Berliet, c’étaient des occupations, on mettait les drapeaux, et il y avait les étudiants qui venaient devant les usines pour dire aux ouvriers « Venez avec nous ! » Et en fait les ouvriers, ils disaient « Bah, on sait ce qu’on a à faire quand même ! » parce que les ouvriers, eux, avec leurs syndicats, et du point de vue politique, ils avaient cette notion de classe ouvrière, donc « on est ceux qui luttons, et qu’est-ce que c’est que ces étudiants qui viennent nous expliquer qu’il faut mener la lutte, qu’il faut faire ceci, cela, alors qu’ils feraient mieux de nous écouter » En plus leur formule-là, « Il est interdit d’interdire », ça choquait quoi. Alors que dans les usines c’était beaucoup plus discipliné, c’était obligé, parce qu’il y avait un patronat, l’action syndicale, même si elle est dure, faut qu’elle soit disciplinée. Et alors en plus, les ouvriers qui occupaient les usines dans tous les coins, tenaient à défendre leur outil de travail. Ca veut dire qu’on vienne pas de l’extérieur l’abîmer… On occupe l’usine, mais on la casse pas. Ca c’était un truc très fort.
(Voix d’acteurs)
Je me souviens de l’ouverture en 1855 de la ligne de chemin de fer Lyon-Valence-Marseille dont les voies occupaient les fossés des anciennes fortifications.
Je me souviens de la « Lunette des Hirondelles » porte fortifiée à la hauteur de l’ancienne manufacture des Tabacs, qui marquait la porte d’entrée à Monplaisir.
Mais le boulevard des hirondelles maintenant bd des Tchécoslovaques, c’était à cause des tournées en vélo des gardiens de la paix et de leurs capes flottantes bleu marine.
-Pas du tout. C’est parce qu’il y avait une maison solitaire dont la façade peinte en bleu clair représentait un ciel, où voletait une nuée d’ hirondelles.
Je me souviens que l’ancienne manufacture des tabacs abrite maintenant l’Université Jean Moulin
Je me souviens des premiers paquets de gauloises « Troupe » qui sortirent de la Manufacture des tabacs.
Je me souviens qu’en 1971, les machines fabriquaient 1200 cigarettes / minute.
Je me souviens des manoques, c’était des branches de tabac qui ressemblaient à un bouquet qui étaient noués avec du tabac et que nous devions couper à la main. Puis ce tabac passait sur un convoyeur qui mouillait le tabac. On appelait ça la « mouillade ».
Je me souviens qu’ on avait deux pauses de deux fois dix minutes le matin et l’après-midi pareil. On faisait 45 heures par semaine. Il y avait une salariée volante qui venait nous remplacer pour la pause. On était remplacé toujours par la volante pour prendre sa douche pendant le travail.
Paroles de G.Colas
- 0’23’’> 2’20’’
« A 5 heures du soir …. Ça sentait le tabac
le chocolat
Je me souviens que dans les amphis de l’université jean Moulin installée dans la bâtiment de l’ancienne manufacture des tabacs, les murs sentaient encore le tabac.
Je me souviens que le flot des ouvriers qui sortaient de la manufacture jusqu’à la gde rue de Monplaisir, maintenant il y en a plus, maintenant c’est des flots d’étudiants qui sortent cours
Albert Thomas et se dépêchent d’aller prendre le métro.
2.
- cabine téléphonique devant clinique Monplaisir
station
Pauline tél. et demande un membre de chaque groupe (elle explique au téléphone que le mot qu’elle a laissé à chaque groupe de ses poursuivants contient une énigme, il s’agit de retrouver la phrase dont les quatre phrases écrites sont les anagrammes)
- marche av des frères Lumière (4’-5’)
Je me souviens que ce n’est qu’en 1852, que cette partie de la rive gauche du Rhône, dans le prolongement du quartier de la Guillotière, fut rattachée définitivement à Lyon.
Je me souviens que l’actuelle avenue des Frères lumière s’appelait d’abord « chemin pour aller au-delà des Monts », puis route royale n°6 dite de « Grenoble », puis grande rue de Monplaisir
Je me souviens que l’avenue des Frères Lumière, pour moi, ça a toujours été la grande rue de Monplaisir.
Je me souviens avoir reconnu ma maman petite fille parmi des enfants qui jouent dans la grande rue de Monplaisir, sur une vieille carte postale.
Je me souviens du bruit de la sonnette que les chauffeurs de tramways activaient les jours de brouillard.
Je me souviens de l’allumeur de réverbère qui passait en vélo avec sa perche, il passait à la tombée de la nuit, on l’attendait, c’était l’attraction du soir
(Voix d’acteurs)
Je me souviens que le quartier de Monplaisir a beau culminer à 170 m d’altitude,
il n’y a jamais eu, il n’y a pas, il n’y aura jamais de Mont Plaisir.
Je me souviens que l’avenue Rockfeller, avant c’était l’avenue des sables, et la rue professeur Rochaix, c’était la rue des Sablonniers
Paroles de G.Colas
68’30’’ > 69’ 32’’
les sables
et ça monte
Paroles de G.Colas
72’08’’> 72’37’’
l’enfant enseveli par le sable qui avait coulé
Je me souviens qu’à l’actuelle station de métro Laënnec, on escaladait la colline, – ça s’appelait la colline Montvert à l’époque- pour admirer le feu d’artifice du 14 juillet. Les enfants s’amusaient, on sortait les casse-croûtes. Il y avait jusqu’à une centaine de personnes !
3.
- MJC Monplaisir
- entrée MJC
Je me souviens que l’actuelle MJC Monplaisir, c’était jusqu’à 1962, une maison bourgeoise dont le propriétaire s’appelait Pierre Neyron de Champollion, industriel dans la bonneterie, fabricant de sous-vêtements et de maillots de bains de la marque Rasurel
Je me souviens des défilés de mannequins en maillots de bains, sur la scène d’un petit théâtre à l’italienne à l’intérieur de la villa, et autour de deux piscines l’une l’été, l’autre l’hiver.
Je me souviens du baron Henry des Tournelles qui en 1827 décida de lotir son domaine et lui donna le nom de « Village de Monplaisir et sa campagne de Sans Souci ». Monplaisir car c’était en effet le sien. Et cela devait devenir celui de populations aisées à la recherche d’une résidence secondaire dans un environnement champêtre hors des soucis de la ville.
Je me souviens que le château des Tournelles fut démoli en 1934 pour laisser place à une usine de montage de camions. Il ne resta qu’une tour qui fut livrée aux démolisseurs en 1960 par décision du maire de Lyon Louis Pradel.
Station
(Vincent F./ Sébastien / Baptiste )
Je vis parce qu’il est agréable de vivre. Je sais pourquoi je vis. Je vis parce que c’est mon plaisir. J’ai bien vu que c’est agréable d’être vivant, qu’il y a des plaisirs. Si je suis en vie, c’est parce que je trouve qu’il est agréable de vivre, ainsi j’ai décidé de vivre. La vie me donne des plaisirs souvent. Il y a de bonnes choses en ce moment pendant que je vis. J’ai vu que c’est souvent agréable. Je l’ai vu pendant que je vivais, la vie n’est pas très agréable et elle donne d’agréable plaisirs à celui qui vit. Il y a plein de bonnes choses pour tout le corps. Il y en a un certain nombre, alors je vis. Je reste en vie puisqu’elle me donne du plaisir. C’est assez agréable de vivre, je l’ai vu en rencontrant assez de choses agréables en vivant, je vivais et je continue à vivre parce que j’ai vu que vivre donne assez de plaisirs souvent. Alors j’ai plaisir à vivre, alors je continue. Ainsi je sais pourquoi je suis encore vivant, cela me donne du plaisir. Il y a des plaisirs en grand nombre par la vie et je sais pourquoi je vis, je vis parce qu’elle me donne des plaisirs et qu’elle est plaisante. Ainsi je sais pourquoi je suis toujours en vie et j’ai décidé de continuer de vivre, c’est pourquoi je suis vivant car il y a assez de plaisirs dans la vie. C’est plaisant, alors je vis, je vis tant que c’est plaisant.
Marche dans la MJC (3’)
Paroles de G.Colas
58’59’’ > 59’35’’
Je n’ai pas trouvé comment s’appelaient les habitants de Monplaisir
(Voix d’acteurs)
60’20’’> 61’55’’
la population a beaucoup changé
les maisons pas trop hautes
(Apparition de Pauline en femme sandwich, on peut lire sur elle d’un côté puis de l’autre. On la suit pour sortir de la MJC)
Il faudrait, je crois
Pouvoir circuler à travers la ville
Comme un globule rouge
A travers le corps
Qui voit en passant, touche les tissus,
Parce qu’il est en train
De devenir ce qu’il regarde.
- marche Av des frères Lumière (6’)
Paroles de G.Colas
3’34 ‘’ > 5’17’’
le maréchal ferrant
entre la gd rue et la rue du premier Film
là où garage Renault
5’49’’ >7’07’’
les odeurs de carcasses de chez Coignet
Je me souviens de M.Gaston Gontard, quincailler qui était bossu. Quand mon père voulait des pointes pour ressemeler ses chaussures, il me disait : « Va chez le bossu m’acheter des pointes ! ».
Je me souviens que la quincaillerie de M.Gontard était une véritable caverne d’Ali Baba, des clous, des vis, des écrous, mais aussi des paniers à salade, des plumeaux, des poêles à marrons, des paniers pour les commissions, des martinets pour enfants, des épuisettes et des filets à papillons. Que sont devenus les papillons ?
- Ferme de Monplaisir
Je me souviens que là où il y a maintenant le restaurant « La Ferme de Monplaisir », il ya avait une petite usine qui fabriquait des sommiers métalliques.
Je me souviens des industries de pointe et des nombreux ateliers de sous-traitance dont on retrouve aujourd’hui la trace dans les arrières cours des maisons
Je me souviens de l’entreprise Montabert qui fabriquait des marteaux piqueurs
Je me souviens des splendides cuisinières émaillées de la société Brachet-Richard
Je me souviens de l’invention du premier fer à repasser électrique, en 1913,
par Léo Trouilhet, celui qui allait fonder Calor en 1917 :
– Calor, les bouilloires électriques ?
– Oui, et les lessiveuses, les bouilloires, les ventilateurs, les fers à souder, les rasoirs électriques…
- des Frères Lumière
Je me souviens de l’usine qui, à la place de l’actuel Carrefour, ex Champion, fabriquait pour l’aviation l’Hélice intégrale
Je me souviens de l’invention en 1924 de la boule intégrale, la première boule entièrement métallique
Je me souviens des papiers à glu attrape-mouches de la maison Fénéon
-Comme le poète et journaliste Félix Fénéon.
-Oui, mais ça n’a rien à voir.
je me souviens qu’il y avait beaucoup de métiers de bouche dans le quartier, maintenant on a un supermarché sur l’avenue des Frères Lumière, ça a tué tous les métiers de bouche
je me souviens d’une charcuterie qui faisait une choucroute, mais alors une choucroute…
C’est devenu un salon de coiffure, maintenant.
(Voix de Brigitte Bardot…)
Je me souviens qu’on fabriquait des gaz comprimés à l’usine Bardot,
– Bardot comme Brigitte ?
– oui mais ça n’a rien à voir
« Brigitte Bardot, Bardot… »
Je me souviens que la villa Winkler au 57 av. des frères Lumière avait été construite entre 1898 et 1902 pour la sœur d’Auguste Lumière, mariée au célèbre brasseur Charles Winkler.
Je me souviens que le fils Winkler s’est suicidé dans la maison familiale
Je me souviens qu’à la place du restaurant chinois avenue des Frères Lumière,
il y avait une auberge qui était un lieu de ralliement des résistants sous l’occupation.
Je me souviens que le 27 janvier 1944, cinquante résistants firent exploser 67 bombes aux usines Bronzavia qui faisaient des moteurs d’avion et travaillaient pour les Allemands.
Je me souviens que le quartier fut déclaré zone sensible et que les enfants scolarisés furent évacués à la Guillotière
4.
- restaurant chinois
Station
(Pauline réapparaît et donne à Sébastien un papier qu’il lit 🙂
« Je me souviens de la rafle, le 19 août 1944, suite à une action des FFI contre des soldats allemands qui se trouvaient au groupe scolaire Edouard Herriot, rue Bataille. Les Allemands bloquèrent tout le quartier. Des gens arrivèrent dans l’impasse en criant : « Les Allemands ont emmené tous les hommes ! ». Ma mère a pris sa bicyclette pour aller voir si mon père était sur son chantier, il n’y était pas. Tous les hommes étaient enfermés dans l’école Edouard herriot, là, les Allemands ont pris 4 hommes et les ont fusillés, l’un était un résistant, le directeur de l’école Edouard Herriot. Un autre était laitier, ils ont mis le feu à sa boutique avant de le fusiller. »
- marche brève av des Frères Lumière
5.
- Le Bijou au 82-84 av frères Lumière
Station
Je me souviens du Bijou, le premier cinéma de Monplaisir dans la cour du 82 av des Frères Lumière, maintenant il n’y a plus que des garages
Je me souviens qu’au Bijou on présentait des films à épisodes pour s’assurer de la fidélité des spectateurs
Je me souviens que mon grand-père qui faisait du cinéma ambulant à Aiguemortes et dans les villages du midi est revenu à Lyon et a repris le cinéma Le Bijou en 1918
Paroles de Mme Yvonne de Saint Jean
22’33 ‘’ 23’05’’
Le cinéma Le Bijou.
Ouvert le dimanche, une séance
23’32 > 24’58’’’
on entrait par la grande rue monplaisir
la sonnette
au 82
Je me souviens qu’au Bijou, on a passé Judex, de Marcel Feuillade, et le Napoléon d’Abel Gance. J’ai encore une affiche, elle couvre tout un mur.
Paroles de Mme Yvonne de Saint Jean
28’’05’’ >29’04’’
des disques
le cinéma sonore
la censure sur les films violents
Je me souviens avoir retrouvé un cahier avec les passages des disques pour les films. Je me souviens que pour le film « Jocelyn », il y avait écrit : « Chaque fois qu’on voit les révolutionnaires, jouer la Carmagnole, 5 fois le même effet ».
Je me souviens que, quand il y avait des bombardements pendant la guerre, on descendait avec toute la famille dans une cave sous le cinéma. Un jour, on a appris que dans la cave juste à côté, les résistants avaient entreposé des explosifs. Imaginez, si une bombe était tombée par là…Les Allemands sont venus au cinéma, ils ont fouillé partout, ils nous ont soupçonnés, mais heureusement, ils ont rien trouvé. S’ils avaient cherché dans l’appartement de mon père, ils auraient trouvé une machine à polycopier qui servait pour les tracts de la Résistance.
(Voix d’acteurs)
- marche Av des Frères Lumière (2-3’)
Paroles de G.Colas
7’17’’ > 7’48’’
l’épicerie fine
torréfaction du café tous les samedis
Paroles de D.Guille
14’38’’>15’55’’
les petits commerces à Monplaisir
c’est un peu triste
station (1’)
Je me souviens que là où il y a maintenant la supérette Cerises et potiron, il y avait avant un cinéma de 500 places, le Cristal Palace, construit en 1923
Je me souviens qu’ il y avait un dancing au-dessus du cinéma, et un bar et un ring de boxe en-dessous.
Je me souviens du parquet ciré, qu’on pouvait admirer d’une galerie en hauteur.
Je me souviens des pleurs de ma maman, quand elle avait vu affichés sur les murs du Cristal Palace, les ordres de mobilisation pour la guerre de 39.
Je me souviens de la dernière séance de cinéma au Cristal Palace, en 1960 : on donnait « Michel Strogoff »
(Voix d’acteurs)
Je me souviens que l’opérateur du Cristal Palace s’appelait M. Môme
- marche rue de saint Maurice 2’
paroles de Mme Geneviève Colas
47’54’’ > 48’23’’
les confitures de Lenzbourg
la confiture de fraise
le vent du midi
48’55’’ > 49’43’’
les biscottes, la vinaigrerie
station place Saint-Maurice (2’)
Je me souviens de la construction de l’église Saint-Maurice en 1842.
Je me souviens que c’est le plus vieux monument du quartier.
Je me souviens que les riverains se mobilisèrent pour sauver des aménagements urbains la Croix des sables, une croix de pierre qui servait autrefois à guider les pèlerins.
Je me souviens que Auguste et Louis Lumière, les célèbres inventeurs du cinématographe, avaient un petit frère, Edouard resté méconnu et mort jeune pendant la guerre de 14-18. Celui dont personne n’a retenu le prénom, a son nom inscrit malgré tout sur le monument aux morts de la place de l’église Saint-Maurice. Edouard Lumière était réputé pour être un beau gosse aux multiples conquêtes féminines, il avait lancé une société de communication aux Etats-Unis, il était aviateur et est mort dans un accident d’avion.
Je me souviens que personne ne passe derrière le monument aux morts conçu par Tony Garnier, alors qu’il y a un magnifique bas-relief, dû au sculpteur Jean Larrivé, qui représente une femme tenant un glaive avec une inscription « CAECUM BELLUM « : « LA GUERRE AVEUGLE »
Je me souviens que le bâtiment de style byzantin et mauresque avec ses pignons et ses gargouilles qui donne sur la place a été conçu par Bossan, l’architecte de Fourvière, et qu’il abrite l’école libre de Saint-Maurice
Je me souviens de la construction en 1999 de la grande mosquée de Lyon boulevard Pinel.
- marche à partir de la rue Léo Trouilhet (7’)
Je me souviens qu’il y avait des fonderies par où je passais pour aller chez ma grand-mère C’était noir, c’était chaud, ça faisait de la fumée, ça faisait du bruit, j’avais très peur, alors là je passais en courant
Je me souviens des aciéries du Rhône qui étaient là où il y a le lycée de la Martinière Monplaisir maintenant, ça crachait, quand il y avait des coulées, il y avait des grosses volutes de fumée qui montaient, des rousses et des noires, çà aussi ça me faisait peur. Je me souviens, avant les aciéries, c’était des clos d’ horticulteurs, c’était mes aïeux qui étaient là
Paroles de D.Guille
1.
17’’ > 2’06’’
Je suis une fille de Monplaisir
Le gros sapin planté en 1956 qui est resté
Le fonds de charbon
- rue Antoine Lumière
Paroles de D. Guille
1.
4’10 ‘’> 5’32’’
Le fonds de charbon de mon grand père
2.
2’10’’ > 4’16’’
la livraison / la pièce
2.
7’19’’ > 8’15’’
pdt la guerre les briquettes
le charbon sous tickets
Je me souviens que pour mener les chevaux des charrettes à charbon, il fallait des « meneurs de chevaux. » Ils portaient traditionnellement un foulard rouge. Je me souviens que mon grand-père avait récupéré des déserteurs de l’armée allemande qui, sans papiers, se faisaient passer pour des polonais ou des russes qui souhaitaient rester en France. Je me souviens, l’un d’eux avait un tatouage en forme de loup autour des yeux et une corde de pendu autour du cou.
6.
- station rue Berchet
1er parcours en aveugle
station
(Un carré formé sur ses bords de feuilles de salades étalées par terre. Baptiste remplit peu à peu l’intérieur du carré en alignant méthodiquement des feuilles de salade jusqu’à se retrouver au milieu sans plus pouvoir bouger. )
Stop ! Stop ! Stop ! arrêtez tout de suite ! vous voyez pas le vert ici ? vous allez marcher sur le vert, ici c’est vert, vous entendez ? un espace vert, moi, je fais de la verdure, je fais de l’espace vert avec de la salade, avec des feuilles de salade, mettre le plus possible de vert, augmenter tout ce qui fera plus de vert pour faire le plus grand espace de vert possible, mettre de l’herbe verte, de la salade verte, des feuilles vertes, le plus grand nombre de différentes sortes de feuilles de salades entières les plus grandes possible étalées, je fais de l’espace, j’augmente l’espace de verdure en déposant le maximum de salades vertes dans un maximum d’espace en mettant ses feuilles de salade verte, en les étalant pour qu’elles prennent le plus de place possible avec un grand nombre de feuilles de salade verte qui donnent un maximum d’espace de verdure plein de salades vertes pour faire un vaste espace entièrement vert couvert de différentes sortes de salades pour prendre le plus grand espace vert possible pour faire du vert pour faire du vert pour faire vert.
7.
- rue des Alouettes
2e parcours en aveugle
8.
- station angle rue des Alouettes / rue des Lilas
(Pauline distribuant des pétales de roses)
Il arriva qu’une nuit un rêve unique visitât le sommeil d’hommes différents le même rêve pour tous ces hommes
Ils poursuivaient une femme qui leur échappait sans cesse
Elle était nue elle se dérobait
Jamais ne se présentait de face
Ils couraient après elle la perdaient toujours
A leur réveil ils se racontèrent leurs voyages
Pour mieux se souvenir ils s’efforçaient de reconstruire dans l’espace la course de leurs rêves
Aucun n’avait vu la femme au même endroit tous avaient couru dans des sens différents leurs parcours souvent s’entrecroisaient
Ils décidèrent de fermer l’espace élevèrent un mur partout où ils avaient perdu la trace de la fugitive
Elle ne pourrait plus leur échapper croyaient-ils
Le territoire où ils avaient enceint le labyrinthe de leur rêve ils pensaient que ce serait un théâtre hanté
Où le fantôme de la femme se montrerait les soirs de spectacle
Mais ce lieu n’était pas un théâtre c’était une ville leur ville ils ne le savaient pas encore
Et jamais la femme ne réapparût.
- marche rue des Lilas 2’
Paroles de G.Colas
9’37’’ > 10’5
les odeurs de roses du jardin de curé en-bas de chez moi
(Voix d’acteurs)
Je me souviens des puits dans les jardins, il y avait beaucoup d’eau dans le sous-sol,
je me souviens qu’on descendait les melons dans le puits, on les laissait dans l’eau froide pour les rafraîchir
Je me souviens qu’on allait chercher son lait à la ferme de la rue des lilas
Je me souviens des jeux de boules du petit Clos, du bistrot chez Popine et du café La Verrière
- station terrain de boules rue des Lilas
(Sébastien sous la tente et puis en-dehors)
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt quinze
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt seize
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix sept
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix huit
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf
Et moi …
Et moi bon Dieu, j’allais m’oublier, nom d’une pipe !
Deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf et MOI
Trois milliards !
Avec moi, ça fait trois milliards, trois milliards d’êtres humains ! parfaitement trois milliards !
Alors là, oui vraiment c’est beaucoup, d’accord, c’est beaucoup.
Comment faire ? hein, je vous le demande, comment faire ?
C’est un problème de logement énorme, incommensurable, insoluble…A l’échelle de la planète !
Eh bien non, pas pour moi…
J’ai trouvé, oui, moi, j’ai trouvé. Ecoutez-moi j’en ai pour deux minutes, pas plus.
Voilà.
J’ai calculé qu’en les logeant tous, les deux milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf et MOI, dans des maisons de quarante étages –dont l’architecture resterait à définir mais quarante étages et pas un de plus, cela ne fait même pas la Tour Montparnasse, monsieur – dans des appartements de surface moyenne, mes calculs sont raisonnables : que ces maisons constituent une ville, je dis bien : une seule, dont les rues auraient dix mètres de large, ce qui est tout à fait correct. Eh bien, cette ville, monsieur, couvrirait la moitié de la France ; pas un kilomètre carré de plus. Tout le reste serait complètement libre. Vous pouvez vérifier les calculs, je les ai faits et refaits, ils sont absolument exacts. Vous trouvez mon projet stupide ? Il ne resterait plus qu’à choisir l’emplacement de cette ville unique ; et le problème serait réglé. Plus de conflits, plus de pays riche, plus de pays pauvre, tout le monde à la même enseigne, et les réserves pour tout le monde.
Ca vous plaît, mon idée, elle vous plaît ? Elle vous fait plaisir ? Alors dites-le, dites, signez la pétition, vous pouvez signer la pétition, tenez, un stylo, et vous signez, c’est simple, vous ne voulez pas ? elle ne vous plaît pas, mon idée ?
Alors en attendant, où je vais dormir, moi ? Où ? vous pouvez me le dire ? je vais dormir chez vous, c’est ça ? Eh oui, il n’y a pas d’autre solution. Hein ? Quoi ? Vous n’êtes pas d’accord ? Ca ne vous fait pas plaisir ? Alors signez ma pétition, signez !
9.
- marche av des Frères Lumière / Café de l’Industrie 2’
(Pauline réapparaît en femme sandwich 🙂
« La terre est ronde. Les hommes finissent donc toujours pas se rencontrer, et personne n’est ni plus ni moins qu’un autre, au lieu qui lui appartient. (KANT)»
Paroles de G.Colas
8’ 35’’ > 9’ 18’’
les odeurs des ouvriers de Rochet Schneider
au café de l’Industrie
10.
- marche place Ambroise Courtois (3-4’)
déambulation sur la place du marché
(soit bande musicale samedi / soit bande sonore bruits du marché le lundi soir )
station
Près du kiosque, assis sur des bancs
Pauline raconte l’histoire de Montplaisir-Maurillia
« Gardez-vous bien de dire aux habitants de Monplaisir que parfois des villes différentes se succèdent sur le même sol et sous le même nom, naissent et meurent sans s’être connues, sans jamais avoir communiqué entre elles. Quelquefois même les noms des habitants restent les mêmes et l’accent de leurs voix, et jusqu’aux traits de leurs visages ; mais les dieux qui demeurent sous les noms et sur les lieux sont partis sans rien dire, et à leur place se sont nichés des étrangers. Il est vain de se demander si ceux-là sont meilleurs ou pires que les anciens dieux, puisqu’entre eux il n’y a aucun rapport, de la même façon que les vieilles cartes postales ne représentent pas le quartier de Monplaisir tel qu’il était, mais un autre quartier qui par hasard s’appelait aussi Monplaisir. »
- marche à partir du monument Bullukian ( 5-6’)
Je me souviens de la construction, financée par le mécène arménien Napoléon Bullukian, d’un monument à la gloire des frères Lumière qui sert d’écran géant lors de projections de films l’été en plein air.
(Voix d’acteurs)
Je me souviens qu’on disait le Château pour la Villa des frères Lumière, place Ambroise Courtois.
Je me souviens que mon plus grand plaisir enfant, c’était d’aller après l’école, voir sous le grand porche du château Lumière sortir la voiture, une Hispano Suiza.
- Entrée rue du Premier Film et traversée du jardin de l’institut Lumière
Paroles de G.Colas
39’22’’ > 42’36’’’
l’aventure des frères Lumière
Julie Fourchet
Je me souviens de la création de l’Institut lumière en 1982, dans l’ancien château Lumière.
Je me souviens de l’invention du cinématographe par les frères Auguste et Louis Lumière en 1895
Je me souviens que la production principale des usines Lumière, c’était la fabrication industrielle des plaques photographiques. Des ateliers sortirent les fameuses « étiquettes bleues », premières plaques permettant l’instantané photographique, et plus tard les premières plaques autochromes .
Je me souviens que dans l’atelier où je travaillais à l’usine Lumière, c’était vraiment noir, je me souviens des grands couloirs sans lumière avant d’arriver à l’atelier. Chaque fille avait une petite lampe pour voir si les plaques photographiques n’avaient pas de défaut.
Je me souviens qu’ Auguste Lumière était aussi un chercheur dans le domaine médical et biologique et qu’il avait créé rue Villon une clinique Lumière destinée à soigner le personnel des usines. Mais elle était ouverte aussi à tout le monde.
Je me souviens qu’Auguste Lumière est l’inventeur du tulle gras, le fameux pansement antiseptique.
Je me souviens que les frères Lumière avaient filmé la sortie du hangar de l’usine
cinématographique, mais que la scène avait été répétée plusieurs fois.
Je me souviens que grâce aux lentilles élaborées par les opticiens Boulade à Monplaisir, Louis Lumière créa l’appareil qui lui permit de tourner le premier film en 1895.
Je me souviens qu’on n’a jamais su si les Frères Lumière avaient pris un jour le train qui arrive en gare de La Ciotat. Ce qui est sûr, c’est que, plus tard, Henri Lumière, leur successeur à la tête de l’entreprise, arrivait en hydravion dans la propriété familiale du bord de mer à La Ciotat.
Je me souviens de la venue de Clint Eastwood à l’Institut Lumière.
(musique du Bon la Brute et le Truand)
(Voix d’acteurs)
station
Fin des MP3
Présentation du film des participants avec vidéo-projecteur ?
11.
- Partie surélevée du jardin de l’Institut Lumière
station
Lecture des heures avec les cinq comédiens
Explication de l’anagramme par Pauline : MONPLAISIR VAUT LA PEINE